Mission et objectifs

Depuis son ouverture en 2004, le mandat premier du site fixe du Trac est d’offrir du matériel stérile afin de prévenir les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) et de diminuer les méfaits associés à l’usage des drogues et des relations sexuelles non protégées.

Notre mission consiste aussi à :

• apporter une aide directe auprès des personnes vivant des situations difficiles ;
• encourager l’autonomie par l’acquisition et le maintien d’une qualité de vie ;
• favoriser des attitudes et des comportements responsables face à leur situation de vie ;
• rendre accessibles les ressources communautaires et institutionnelles aux personnes qui se trouvent en processus de rupture sociale.

Le centre en réduction des méfaits offre aux personnes :

Philosophie d’intervention

Nous adoptons l’approche de réductions des méfaits, approche qui vise à diminuer les conséquences néfastes liées à certains comportements à risque (relations sexuelles non protégées, consommation par injection, etc.). C’est une démarche de santé collective qui passe d’abord par l’amélioration de la santé des personnes rejointes. Nous croyons que la diffusion d’informations adéquates peut conscientiser les personnes et ainsi les encourager à adopter des comportements moins risqués pour leur santé et celle des autres.

À l’instar de la réduction des méfaits, le site fixe offre un lieu d’accueil et de répit chaleureux, où l’on respecte l’intégrité des personnes. Nos actions sont déployées dans un cadre anonyme et discret.

Bilan court en intervention au Site fixe de Verdun en 2022-2023

Faits saillants

• 4082 visites ;
• 11 449 seringues récupérées ;
• 27 869 seringues distribuées ;
• 6212 tubes pyrex distribués ;
• 469 tubes crystal distribués ;
• 10 219 condoms distribués.

Depuis septembre 2022, nous observons une stabilité dans les visites et la distribution du matériel au site fixe. La qualité et la pertinence de nos interventions se sont améliorées. Nous constatons que le site fixe répond à son mandat, car même si nous enregistrons une diminution de 14% de la fréquentation (4769 pour 2021-2022), nous distribuons tout autant sinon plus de matériel.

Introduction

Il est clairement reconnu que la pandémie a eu des effets néfastes. Pourtant, chaque institution, chaque organisme communautaire, chaque projet ou programme à Montréal l’ont vécu d’une façon différente. Pour le site fixe du TRAC cela s’est traduit par une adaptation face aux mesures sanitaires, la difficulté à référer avec limitation des services extérieurs, le départ d’ancien·nes intervenant·e·s, avec une difficulté à remplacer du fait de la pénurie de main-d’œuvre, etc… Cet ensemble de facteurs ont laissé des traces, sur l’année 2022-2023, nous avons perçu cette année comme transitoire afin de revenir à la normal d’avant pandémie.

Avec la COVID-19, le site fixe a dû élargir son mandat afin de répondre aux multiples demandes et de pallier le manque de services. Tout en accueillant nos contacts habituels, le site fixe a vu une plus grande diversité dans la population venant au local, dont des personnes n’ayant pas nécessairement d’enjeux de consommation (personnes défavorisées, personnes avec des problèmes de santé…). Ils ont trouvé au site fixe un lieu avec des intervenant·e·s à l’écoute, avec de l’accompagnement, un lieu pour briser l’isolement et faire face à diverses problématiques. À l’époque, le local était perçu comme l’unique service à porté de main, une certaine routine s’était établie. Malheureusement, la sortie de crise sanitaire a amené son lot d’enjeux. Afin de revenir au fonctionnement et au mandat premier du site fixe, les intervenant·e·s ont travaillé pour remettre des balises et accompagner les personnes vers les ressources appropriées.

Dynamique au site fixe

Au début d’avril 2022, les personnes visitant le site fixe pouvaient rester une grande partie de la soirée. La population était principalement constituée de personnes vivant à Verdun et ses environs, il y avait aussi des personnes sans domicile fixe qui fréquentaient le quartier par habitude, et par des relations dans leur milieu de consommation. Plusieurs personnes se caractérisaient par la présence d’une double problématique, c’est-à-dire, la consommation (drogues diverses et l’alcool) et divers problèmes de santé mentale.

La présence assidue de la nouvelle coordination a soutenu les démarches afin de rétablir notre mandat. Nous avons dû travailler avec les résistances de certains contacts parfois vives et agressives. Afin de travailler avec les personnes fréquentant le local, nous les avons conviés à une rencontre dans l’optique de mettre en place un code de vie. Les bases du code était simple, du respect envers le lieu et ses environs, du respect envers toutes personnes, garder confidentialité, des présences de 30 minutes, voir plus en cas de démarches.

Réalités adultes

Parmi nos visiteurs, nous avons une part significative de personnes avec d’importants problèmes de santé nécessitant des soins médicaux et services. La majorité des problèmes de santé sont souvent reliés à leur âge avancé (problèmes d’arthrite, de foie, glaucome…). Nos contacts ont de la difficulté à avoir accès à leur médication ou à la prendre de manière constante. De plus, nous observons que le style de vie de nos contacts leur apporte des enjeux face leurs blessures, parfois pas totalement guéries, il en découle une aggravation de santé pouvant mener à des infections. De plus, parmi les personnes fréquentant le site, certains vivent avec des problèmes de santé mentale importants les limitant dans leurs capacités d’organisation.

L’année passée nous faisions la remarque que, nos contacts étaient souvent pris dans des relations parasitaires, et qu’ils rencontraient des difficultés à mettre leurs limites, d’où le besoin de parler avec eux du respect des limites de chacun et du respect de soi-même. Le discours est établi sur une base continue avec les nouveaux visiteurs.

Réalités itinérance

Environ les 2/3 de nos visiteurs sont en situation d’itinérance visible ou invisible, cette précaire amène une plus grande vulnérable face aux autres, surtout quand ils sont en état de consommation.

Une partie des personnes dorment à proximité des grandes artères et des métros. Ces espaces plus achalandés sont toutefois, plus propices à ce qu’ils soient victime de violence, de vols, ainsi qu`’à être déplacé à chaque évènement festif et la cible d’interventions policières. Certaines personnes nous témoignent comment des situations de désorganisation créé par quelqu’un d’autre va leur amener des problèmes et attirer la police sur leur situation. Toutefois, rester dans ces espaces apporte aussi une relative sécurité et des endroits de quête rapportant plus d’argent.

Nous orientons une partie de nos contacts vers les ressources d’aide alimentaire de Verdun, tels que le Réseau d’Entraide de Verdun (REV), La Société Saint-Vincent de Paul et la Casa CAFI. Malgré ces options, la nécessité d’avoir une adresse, une participation financière et aussi la capacité de pouvoir cuisiner ne permettent pas aux personnes en situation d’itinérance de pouvoir bénéficier des services. D’autres solutions se retrouvent à l’extérieur du quartier, comme le centre de jour de la Maison Benoit Labre à Saint-Henri. Cela apporte d’autres enjeux tels que la capacité à se déplacer entre les quartiers et l’assiduité au niveau des heures d’ouverture des services qui moins adaptés à leurs réalités.

Réalités consommation

Le type de consommation la plus fréquemment observé est le crack. Les pilules telles que le speed (méthamphétamines) demeurent très populaires. Une petite portion de personnes consommait par injection, de préférence de l’héroïne, du fentanyl, etc… Une part de visiteurs demandent des pipes à cristal meth. Nous pouvons aussi établir qu’un grand nombre de personnes polyconsommatrices avaient comme substance de prédilection l’alcool.

Plusieurs contacts ne mangent pas bien, ils ne mangent pas pendant des jours. En prenant compte la loi de l’effet et notre mandat de la réduction des méfaits, nous offrons du gruau, des toasts afin de faire en sorte qu’ils ne soient pas trop affectés par la consommation. Néanmoins, ce support alimentaire n’est pas suffisant pour garder une personne en santé. Il faut rajouter que nous faisons face à des personnes qui ont perdu une certaine estime de soi, qui peuvent être démotivé et dépressif. C’est au point que certaines personnes arrêtent de se nourrir ainsi que de prendre soin d’elles sur bien des sphères.

Ces derniers temps, nous avons remarqué une augmentation de consommation de cristal. Ces consommateurs sont discrets, ils passent seulement pour le matériel de consommation. Parmi eux, une partie consomme par injection le « cristal », avec une préférence pour la seringue BD 30 G. En effet, la dissolution du « cristal meth » avec de l’eau s’effectue facilement. Ces personnes consommatrices par injection sont pour la plupart très réservées, ils sont habituellement gênés de parler de leur consommation. Avec la diminution du temps de présence au site fixe cela à augmenter le sentiment d’espace discrétionnaire et confidentiel permettant aux personnes d’être plus à l’aise et ainsi de partager leurs réalités et vécus.

Conclusion et réflexion personnelle

L’année est passée très rapidement, nous avons encore des défis à relever. Pour l’instant, nous avons accompli la tâche la plus importante, étant le réalignement sur le mandat premier du site fixe. Le TRAC a sa propre identité parmi les organismes du Sud-Ouest et ces homologues des autres quartiers. Nous rejoignons tous ensemble des personnes de diverses cultures, orientations et langues. Notre travail d’intervention doit respecter et s’intégrer aux caractéristiques des milieux afin d’agir en conséquence. Connaître leur vision du monde et leurs inquiétudes, nous ont donné des points de repère pour nos interventions.

Perspectives pour l’année à venir

Évidement mettre encore plus d’emphase sur notre mandat et augmenter la prévention des ITSS auprès de certains publics (femmes et la communauté LGBTQIA2S+). Dans ce sens, nous souhaitons nous rapprocher des autres organismes de Verdun comme le Centre des femmes et la Maison Bleue qui s’occupent des femmes enceintes dans des situations de vulnérabilités ou encore des autres centres d’accès pour le matériel d’injection (CAMI). Nous continuerons les activités Tracalliés avec une orientation ITSS et les soupers seront maintenus une fois par mois dans la mesure du possible et de toute évidence la poursuite de la distribution de matériel.

Amanda, Benjamin & Frédéric
Intervenant·e·s psychosocial·e·s au Site fixe à Verdun